• Austérité : Gabriel Attal va s’abattre sur l’assurance-chômage

    Austérité :

    Gabriel Attal va s’abattre sur l’assurance-chômage

     

    Avare de mea culpa face au dérapage du déficit public, le premier ministre a expliqué ce mercredi soir, sur TF1, que l’assurance-chômage serait la première sacrifiée sur l’autel de la rigueur budgétaire.

     
     

    Pas de panique.

    Interrogé ce mercredi soir sur TF1 sur le dérapage du déficit public en 2023, Gabriel Attal a bien reconnu que « la situation est sérieuse ».

    Mais il s’est voulu rassurant. La situation est bien en main.

    Et les chômeurs seront les premiers à payer les pots cassés.

     

     

    Au 20 heures, le premier ministre a appliqué la méthode éprouvée de son patron à l’Élysée.

    D’abord : se dédouaner.

    Qu’on se le dise, le pays est bien géré : « L’année dernière, l’État a dépensé ce qui était prévu. On est même un peu en dessous, avec 8 milliards d’euros de moins », fait valoir le locataire de Matignon.

     

    L’enfer, c’est les autres : le Covid, la guerre en Ukraine, les Français qu’il a bien fallu « protéger » de toutes ces calamités, puis le ralentissement économique en 2023 qui nous est tombé dessus et a engendré moins de recettes que prévu.

    « On l’a senti venir. Quelques semaines après ma nomination, on a pris une décision historique, avec 10 milliards de dépenses en moins », fait valoir Gabriel Attal.

     

    Toujours pas de hausse d’impôts

    Le deuxième message suit : les dogmes macroniens sont sacrés.

    Pas de hausse d’impôt : « On a toujours dit qu’on n’augmenterait pas les impôts. »

    Pas de taxation des superprofits à l’heure où les bénéfices du CAC 40 viennent de battre un nouveau record (145 milliards d’euros pour 2023).

    Quant à la taxation des grandes fortunes : « J’attends de voir les propositions des parlementaires, des associations d’élus », botte en touche celui qui compte bien recoller aux 3 % de déficits publics en 2027.

     

    Pour redresser les comptes, l’assurance-chômage sera la bête expiatoire de la rigueur budgétaire.

    Ce n’est pas une surprise : le premier ministre a confirmé qu’il y aurait bien une énième réforme de l’Unédic cette année.

    Pour se justifier, Gabriel Attal est resté fidèle à la feuille de route dessinée par Emmanuel Macron, qui conditionne l’obtention du plein-emploi (un taux de chômage au sens du Bureau international du travail à moins de 5 %) à une nouvelle baisse de droits pour les chômeurs.

     

    Sur la forme, le premier ministre était confronté à un dilemme : comment imposer aux partenaires sociaux (syndicats et patronat), qui cogèrent l’assurance-chômage, d’acter un nouveau tour de vis sans donner l’impression qu’il leur braque un pistolet sur la tempe ?

    Sur TF1, il a donc tenté un périlleux numéro d’équilibriste, se disant très « attaché au dialogue social », tout en indiquant qu’une lettre de cadrage allait très prochainement atterrir sur la table des « partenaires sociaux »

    On imagine la grimace que vont faire ces derniers, alors même qu’ils n’ont toujours pas achevé l’actuelle négociation concernant l’emploi des seniors…

     

    Une réforme après les Jeux olympiques

    On ne sait pas encore ce que contiendra ladite lettre, mais le premier ministre laisse entendre que tous les paramètres devront être sur la table : il faudra à la fois jouer sur la durée d’indemnisation, le nombre de mois nécessaires à l’ouverture des droits et éventuellement le montant de l’indemnisation, cette dernière option n’ayant cependant « pas la préférence » de Gabriel Attal.

    « Aujourd’hui, vous pouvez être indemnisé jusqu’à dix-huit mois, a-t-il lancé sur TF1. Une des pistes, c’est de réduire cette durée de plusieurs mois, mais pas en dessous de douze. »

     

    Ce chiffre maquillé par le premier ministre en concession fait déjà bondir les syndicats.

    « Si c’est bien vers cela qu’on se dirige, c’est un scandale, fulmine Denis Gravouil, membre du bureau confédéral de la CGT.

    La durée d’indemnisation a déjà été réduite par ce gouvernement de 25 % en février 2023.

    Passer de dix-huit mois à un an porterait un nouveau coup terrible à tous ceux qui se font licencier. »

     

    Gabriel Attal a déjà arrêté le calendrier.

    Les organisations syndicales et le patronat devront mener cette nouvelle négociation au pas de charge, pour aboutir d’ici à l’été prochain.

    « Je veux que nous ayons les paramètres de cette réforme à l’été, pour qu’elle puisse entrer en vigueur d’ici à l’automne », assène le premier ministre… tout en rappelant, une nouvelle fois, son intention de laisser « les partenaires sociaux travailler ».

    Ces derniers auront donc toute latitude pour discuter, mais dans un cadre verrouillé à double tour par l’exécutif.

     

    Pour faire passer la pilule, Gabriel Attal ressort son lapin préféré du chapeau des mesures qui ne coûtent rien.

    Non pas la semaine des quatre jours, qui réduit le temps de travail en adoptant les 32 heures par semaine, mais la semaine en quatre jours.

    Ou comment travailler toujours autant, mais avec un jour de moins.

    « Il s’agit de sortir du carcan des 35 heures, donner plus de souplesse à ceux qui le souhaitent », explique celui qui fut jadis de gauche.


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